Feuilleton érotique
Temps de lecture : un bon 15 minutes.
À lire tranquille quand c’est un bon moment.

1 / 7 (Prélude)
Dans mon journal intime, je m’adresse à toi.
J’aimerais ça, te voir pour ta fête. Le 20 novembre, je pense? J’essaye de terminer la nouvelle érotique dont je t’ai parlé pour te la donner ce jour-là, mais je n’y arriverai pas. C’est devenu un effeuillage sur plusieurs épisodes, un titillement-fleuve avec mes mots qui essayent, un peu désespérément je le sais, de remplacer nos corps.
Penses-tu qu’on peut infliger un orgasme à quelqu’un par de la très suggestive suggestion? Sans toucher la personne ni qu’elle ne se touche ? Si tu l’attaches, tu lui bandes yeux, et tu sais faire le dirty talk le plus létal du monde, mettons. Imagine le laboratoire où on pourrait tester ça.
Si un rêve a le pouvoir de déclencher un orgasme, je veux être ce rêve.
Entendre : mes mots veulent coloniser ton désir. Élire domicile, allumer des feux, apporter des oiseaux d’un autre monde aux parades nuptiales exotiques, semer la disruption dans la flore indigène de tes fantasmes.
2 / 7
Je suis passée de la mousson au désert, de la douche à mes vêtements «stérilisés maison» sortant directement la sécheuse.
J’ai rendez-vous avec toi, le sultan de Willowdale, l’informaticien, le codeur indéchiffrable, l’Atlas du Liban, le misanthrope à la barbe la plus noire du monde, l’amant à la barbe la plus douce du monde, l’abonné aux huîtres et aux variétés légales de cannabis ; avec toi qui m’as dit l’été dernier « le coeur et la tête n’y sont plus »; et puis tu es réapparu.
Et puis tu disparaîtras, certainement.
Mais ce soir, j’ai exfolié ma peau avec les gants de résine fabriqués par des prisonniers chinois que vendent les magasins à un dollar ;
vernis mes ongles en rouge rouge;
épilé mes aisselles, mes jambes, mes sourcils, mes aines, ma moustache, mes aréoles ;
vaporisé une eau de parfum dans mon cou et sur mes poignets – aux endroits où tu peux sentir battre mon coeur.
Je marche vers chez-toi, vers ton appartement trop grand, meublé de boîtes encore, dont les murs blancs n’exposent rien de ta vie d’avant. Territoire vierge.
Dehors c’est tout le contraire. Au sol je ne compte pas les masques perdus, jetés, contaminés peut-être, partout ce signe des temps que personne n’ose ramasser, au milieu des botchs de cigarettes qui ne fondent jamais avec la neige au printemps.
Je repense à notre voyage au Mexique, ce coup de tête avorté.
Je me crée un souvenir de ce qui n’a jamais existé.
Shot de drone qui survole le quartier de Polanco. Les jacarandas sont tellement en fleurs – ce n’est pas une simple floraison, c’est une cum shot symbolique qui auditionne pour être citée dans un cours de sémio. La caméra plonge dans une travée et nous fait descendre une façade d’hôtel, étage par étage. Par une grande porte française donnant sur un balcon, on nous aperçoit à l’intérieur de la chambre.
Tu me prends tel que je te vois toujours dans ma tête quand je pense au sexe avec toi – je ne connais personne d’autre qui pratique avec tant de bonheur cette position. Tu es à genoux et mes jambes sont allongées le long de ton torse, pointant vers le plafond. Tu me manipules par les hanches, les cuisses, en me pressant vers toi.
Le plan dure aussi longtemps que 37,2 le matin.
Tu me domines par ta hauteur et par ton flegme. À part ta respiration qui s’accélère, rien ne te trahit.
J’ai entendu que dans la culture vietnamienne, on exprime la force en cachant ce qu’on pense. Tu dois être fort au Vietnam.
C’est à partir d’un autre continent, d’un autre monde, que moi je fais l’amour. Je suis loud, abandonnée, maladroite, vocale, un instrument à vent qui chante tes louanges, et qui peut fausser, et couiner, et rire ; et je veux jouer de toi, de toi instrument à cordes, arriver à te faire sortir des sons, des grognements, des supplications.
Je tourne le coin de ta rue à deux minutes du couvre-feu. Rappel à l’ordre. Là, t’es pas à Mexico dans une romance de soleil tapant et de langues qui mélangent leurs piments, t’es dans un revival des années 80 du SIDA mais par les airs ; je vais m’exposer à toi, à tes aérosols, à tes gouttelettes, à tes fluides, à tes faiblesses ; armée d’un condom passé date dans la poche droite – tu refuses d’en mettre anyway – et d’un masque que j’ai cousu moi-même dans la poche gauche.
J’ai peur que quelqu’un me voit entrer. Qu’un voisin nous dénonce.
Mais c’est ouvert et je m’engouffre vite dans l’entrée.
3 / 7
Tu es dans le bain.
La pénombre du corridor me mène vers tes yeux noirs, ta barbe noire, ton torse couvert de poils noirs et ta peau de sable.
Je marche sur le bout des pieds, illicite et timide, cambrioleuse à l’orée du coffre-fort. Je vais faire la banque.
Et tu es là avec tes yeux noirs, ta barbe noire, ton torse couvert de poils noirs et de la mousse de bain.
Tu me dis Je savais que tu allais venir.
Julien Clerc a sa Préférence. Tu as ta Suffisance.
Ta suffisance à toi. Qui me torture et m’attise.
Cette scène, c’est du pur cliché. On se croirait dans une maison de poupée. Je suis une figurine en plastique, tu es fixé dans le décor par des tie-wraps robustes, la mousse de bain est en styrofoam, le miroir embué est un sticker collé un peu croche par une main d’enfant sur un meuble miniature, la même main invisible et prévisible qui m’enlève un à un mes vêtements. C’est écrit sur le côté de la boîte que les jouets sont faits pour aller dans l’eau. Real water. Pas de traduction en français.
Je me glisse dans ta frayère, mes jambes de chaque bord des tiennes, à cheval sur ce qui commence, mon sexe en pleine noyade, mes seins au-dessus du niveau de l’eau.
Tu m’attires vers toi et je résiste à peine, le temps de citer Egon Spengler.
– ll ne faut pas croiser les effluves.
– Non, c’est mal.
Mais Egon Spengler et tous les points de presse quotidiens n’y peuvent rien, nos langues déjà s’emmêlent. Tes mains chaudes me parcourent et dérobent aux frissons mes seins, mes épaules, mon cou, et les seules vivantes parties de mon corps sont celles que tu touches.
Je te veux je t’entraine je te freine je te supplie
je t’espère depuis des mois
personne n’avait promis qu’on pourrait faire l’amour à nouveau
je veux dire
on : l’humanité.
Tu me flaires tu me dépoussières de mousse
tu m’aspires et je sens ton désir
monter vers la surface.
Et je te dis : c’est dangereux, mon général.
Et tu me dis : l’eau va refroidir.
Nos corps splashent la céramique en damier. Le noir, le blanc ; les frontières nettes entre les deux n’arrêtent pas le dégât d’eau. J’attrape in extremis mes vêtements en boule, panthères noires tachées d’éclaboussures, et je les emporte avec moi au salon.
4 / 7
Il fait noir. C’est comme entrer dans une salle de cinéma en plein milieu du film. À voir la taille des fenêtres, je dirais que c’est un écran IMAX. L’immense divan gris brille comme la lune dans leur lueur.
Tu as disparu.
J’étale mes vêtements un par un sur le calorifère qui bourdonne, je me demande si tes voisins d’en face, au troisième eux aussi, vont me voir et croire que tu héberges une elfe en monokini ou une émule de Pussy Riot. Je m’expose comme un trophée que tu aurais volontairement laissé traîné sur le bord de ta fenêtre.
Mes mains caressent le calorifère pour se réchauffer.
Ce n’est pas d’avoir quelque chose qui rend heureux, c’est de savoir qu’on va l’avoir.
Je t’entends t’approcher.
Tu nous as versé du rouge.
Tu as remis tes jeans et un t-shirt.
– Je risque une amende pour venir te voir et tu remets tes jeans?
– Je fais monter les enchères…
Tu poses ma main sur ta fermeture Éclair
ton souffle tonnerre dans mon cou
mon coeur bat
mon coeur bat dans ta queue qui pulse
je te caresse je te frotte je te presse
ta queue veut manger dans ma main.
Il faut bouger très lentement quand on veut apprivoiser un animal sauvage.
On accapare le divan, on se raconte nos vies, recueil de poésie, garderie, lavage d’épicerie. Je me suis rhabillée à contre-coeur pour ne pas mettre de la cyprine sur le beau revêtement neuf de ton modulaire à 4000 piastres ou sur tes coussins en lin.
Je te demande si tu te touches en pensant à moi le soir. Tu me retournes la question.
– Toi?
– Moi oui, souvent.
Ta réponse finalement, c’est de déboutonner mon jeans et d’infiltrer tes doigts tout doucement dans la cachette de ma chatte. Je guide ton majeur vers le haut, là où les lèvres se rejoignent, là où tu peux faire trembler tout mon corps en pressant sur une fonction secrète. Mes sens s’embrument, ton salon fade au noir, je suis entière au bout de tes doigts qui font jaillir de la rosée.
– T’appelles ça comment?
– La cyprine.
Et tu passes tes doigts sur nos lèvres, on frenche tes doigts, tes paupières se ferment pour arrêter le cours des sens, marquer notre position sur la carte, ici on a vu des traces de pas près de la ravine, ici j’ai léché l’écorce des cèdres, ici tu as trouvé une talle de pois de senteur.
Puis tu changes, tu deviens guerrier, tu m’enlèves mes vêtements comme des insultes.
Tu m’allonges sur le divan
me manges me mords m’empoignes
me pèses
de ton poids, de ta force
et je te paye pour ça
je te paye de mes mots susurrés dans ton oreille :
t’es beau, t’es un roi
j’ai tellement envie de toi que ça fait mal
j’ai envie de jouir fort sur toi
pour que tu t’en rappelles toute ta vie,
fais-moi l’amour, Bête de sexe
ou je ne réponds plus de mon corps
comme dans Top Gun.
5 / 7
Faque chuis rendue là dans mon feuilleton.
Je me réveille chaque matin à 5 heures pour écrire. J’allume ma lampe de chevet, je me fais un café, et je tire mon vieil ordi de sous le lit où il est caché avec mon vibrateur. L’arsenal de mon imagination. Les jambes en pâte dans mes couvertures encore chaudes et moelleuses, je te rends visite, je te touche, je nous habille, je nous déshabille, je nous scénarise, je meurs d’envies pour toi.
Je t’ai envoyé le début de ma nouvelle, jusqu’à Top Gun. J’avais des papillons dans tout le corps : papillons que tu trouves ça mauvais ou malaisant, papillons de te déplaire, papillons d’avoir passé autant de temps à gosser dessus – tout ça pour ça? – papillons de gêne, papillons du risque qu’elle ne serve qu’à bragger devant tes chums, papillons qu’elle devienne une mine de copier-coller dont on peut rire, papillons d’espoirs que peut-être tu m’ouvres ton coeur.
C’était la première fois que je faisais ça, partager un texte aussi intime. J’imagine que c’est la première fois que tu fais ça, toi aussi, lire une histoire dont tu es le héros mais pour vrai – et pas pour vrai en même temps. Personne ne demande à un illustrateur si son dessin est vrai. T’as beau dessiner le plus fidèlement possible, c’est toujours un dessin.
J’ai hâte que tu me dises comment tu trouves ça.
Silence radio.
Les premiers jours, je me demande. Tes enfants sont chez leur mère toute la fin de semaine, la femme de ménage est venue, tu me l’as dit ; alors quoi?
Alors je suis en train de manger mes crottes de lapins dans le terrier vertigineux des suppositions. Pourquoi tu la lis pas?
Pour faire durer le plaisir? – crottes au chocolat.
Parce que tu as attrapé le virus? Je t’imagine souffrant, cloué au lit par une céphalée anosmique pleine de cauchemars dans lesquels tes enfants doivent porter des souttes jaunes de poussins astronautes quand ils sont chez toi, et qu’à travers la fenêtre de plastique qui protège leur visage, leurs yeux n’expriment que la rage de décimer la planète pour s’attaquer à la suivante.
Ou est-ce parce que d’heure en heure, tu as mieux à faire? Really? Nos agendas sont des déserts nucléaires!
Mon histoire n’est pas plus attirante pour toi que les 6 copies du Devoir de la semaine qui traînent dans ton entrée, encore dans leur élastique – vieilles crottes sèches.
Ambiance de Noël entrecoupée du grichage de mes pensées noires.
Et le 25 décembre, tu me textes.
Juste le mot «Magnifique».
Même pas de Joyeux Noël.
Peut-être que tu la gardais comme un ultime cadeau, un cadeau juste pour toi, qui n’était pas en-dessous de l’arbre et que tu déballes old fashioned le 25 au matin.
En 2020, le Père Noël délivre de l’érotisme aux papas séparés. Ils en ont bien besoin.
Un
Seul
Mot
Et
Mon coeur repart en fou.
Juste le mot Magnifique et je peux continuer à écrire.
Ça m’humilie d’avoir besoin d’aussi peu de fuel pour m’emballer. En même temps, si j’avais un seul mot pour décrire l’ensemble de ma vie sentimentale depuis mon premier kick sur Indiana Jones, ce serait : asymétrique.
Ça a toujours été ça.
6 / 7
On reprend à :
Fais-moi l’amour, bête de sexe, ou je ne réponds plus de mon corps.
Mais je ne réponds déjà plus de mon corps. Ça va vite. Tu me regardes férocement, avec une étincelle mortelle au fond de l’oeil, et les coups de ta main, entre mes jambes, fort, plus fort, créent une, rafale, de lumière, qui m’échine, et finit, par exploser, dans ma, tête, et mon, réflexe, est de, fermer, les yeux.
Et tu me perds, et je te perds.
L’intérieur de mes paupières est ébloui.
Téléportation quantique. Je me fais bronzer intégrale sur un grand vaisseau d’or. Complètement lovée. Détonnée.
Au Cégep, j’avais des cours de relaxation. Ma volonté de ne pas faire de sport était sans fond. Être vue essoufflée m’humiliait. Je me pensais ben bonne de ramasser trois crédits d’éducation physique sur un tapis dans le noir, sans suer une goutte – j’ai fait Taï chï aussi. Une des techniques était de regarder une ampoule pendant 30 secondes, de fermer les yeux, et de fixer la boule de lumière créée par la persistance rétinienne. Ça s’appelait du mixage phosphénique. Quand j’ai joui pour la première fois – avec mes doigts, quelque part pendant mon cégep – j’ai vu un phosphène. Les deux expériences sont restées liées, comme dans le champ lexical du même poème.
Tu tapes «mixage phosphénique» sur ton téléphone. Les deux premières références sont le salon-chrysalide.fr et l’ecoledelavoiesensorielle.com. Tu te moques de «mes» sources. Tu m’embrasses derrière l’oreille, ta voix me chatouille. En secret tu me dis que tu peux prédire quand je vais jouir. Dans les secondes avant, je me mets à transpirer d’un coup.
-Pas transpirer mais, tu deviens moite, comme.
C’est vrai, je le sens aussi. J’ai une canette de brumisateur dans le corps qui explose quand je viens.
Je te promets que tantôt ce sera ton tour.
C’est la soif qui nous éjecte du divan.
7 / 7
Comptoir de la cuisine. On boit de l’eau. On roule un joint. On n’est pas les meilleurs pour se parler. Ça se passe sur d’autres fréquences. Sur un canal secret – t’as ton CB, j’ai le mien, on s’appelle en cas d’urgence.
En cas de solitude.
En cas de coucher de soleil.
En cas de peut-être que ça pourrait marcher un moment donné.
Poser mes lèvres sur le même joint que toi me fait l’effet d’un grand danger. Peu importe ce qu’on fait depuis deux heures, c’est le joint qui me rappelle qu’on enfreint tout. Je ne peux même plus voir du monde se faire la bise dans un film sans ressentir un espèce de ishhh.
Moi je suis un peu reckless dans’ vie. Tu m’as dit ça quand on se demandait si on devait annuler notre voyage au Mexique. Le voyage s’est annulé tout seul finalement et on est reckless juste à se trouver ensemble à l’intérieur d’une résidence privée. L’examen d’entrée à la témérité a pas mal baissé ses critères.
Tu me parles d’huile d’olive. Celle qu’avec ton père et tes frères vous produisez sur une parcelle ancestrale au Liban. La terre est louée et les jarres qui remplissent vos garde-manger font partie des redevances. Tu verses de l’huile dans une assiette et tu déchires des bouts d’une baguette un peu sèche qui traîne.
Ton huile est délicieuse.
Bien sûr que je pense croche en disant ça.
Fort de THC et de vin rouge – c’est pas du Wish for luck comme chez-nous – tu m’entraînes vers le salon que tu transformes en club.
Tu danses.
Tu Let go,
Tu Jessie Reyes, tu Acid Pauli,
tu INXS
Alors je te rejoins
Timide au début
I was standing
You were there
Two worlds collided
And they could never
Tear us apart
(Ligne de bass guitar irrésistible)
On se toise on se courtise on s’effleure
On Be mine
On Pumped Up Kicks
Tous les deux en jeans
Avec pas de chandail
C’est beau, vu de mes yeux, nos corps qui s’aguichent, s’enguirlandent, s’agent-doublent, ton chest comme une forteresse, mes seins blancs de blonde qui pointent vers ton coeur.
J’ai l’idée d’aller remplir mon verre de vin mais je reviens avec la bouteille d’huile. Je m’enduis les mains, je me caresse les seins en dansant et en te regardant dans les yeux. Je veux que tu te fâches. Que tu me trouves indécente de ruiner l’or de ta famille.
Tu soutiens mon regard, impassible, en enlevant ta ceinture. Je suis certaine que c’est le geste le plus érotique dans le tout-Outremont en ce moment.
Tu me passes la ceinture
autour de la taille
pour m’attirer à toi
tu me tiens serrée
ma poitrine se comprime
contre ta volonté.
On peut improviser
cent variations sur le thème
huile d’olive et ceinture en cuir
ça ferait un aussi bon titre
de chicklit.
Tu me plaques contre le mur.
Nos surfaces glissantes,
nos prismes poncés,
l’odeur poivrée de ton cou,
l’antre salée de ton aisselle
les tanins de ta salive,
qui me knock down
qui m’unlocke.
Je sens ta queue se glisser entre mes grandes lèvres
Nos physionomies taillées pour
faire l’amour debout
dans la perfection des angles et des longueurs
Je chuchote ton nom ton nom ton nom
personne n’aime un autre mot
autant que son prénom
ton nom ton nom
jusqu’à temps que tu grognes
que tu trembles
que tu abandonnes tes sens
ton sultanat, tes enchères
dans les graves
dans les basses
dans l’ivresse d’avoir réussi à bander dur
dans le non-dit de ne pas m’aimer
dans les possibles de ne jamais se revoir.
On échoue.
Sur le plancher.
Je n’arrive pas à te faire jouir.
Je me demande bien comment je compte y arriver avec juste des mots.
Tu me dis : c’est parce que j’ai fumé.
Ok.
Mais ça fucke toute ma nouvelle.
J’essaye que ça finisse avec moi qui te dit :
Je savais que tu allais venir.
Un callback d’empowerment, de revanche, de moi sur le dessus, de beauté vivante, de nerfs qui scintillent, d’affaires à se raconter quand on va être vieux, de consolation, de contre-sort à la solitude du maudit, de couronnement de ma liberté.
Mais ça finir avec
Bon.
On a encore pas mis de condom.