«C’est lorsqu’il parle en son nom que l’homme est le moins lui-même, donnez-lui un masque et il vous dira la vérité.» – Oscar Wilde

Je suis une belle grande femme dans la moyenne, assez intelligente mais avec trop de fenêtres ouvertes, moyennement jolie mais radieuse, moins blonde aux racines qu’aux pointes, moyennement ambitieuse qui pousse sa luck, moyennement rémunérée pour une job qu’elle adore, et moyennement célibataire car c’est un statut précaire, entre solitaire pas si bien assumée, late bloomeuse du flirt qui commence à en avoir derrière la cravate et easy goer facilement énamourée — searching for a long-term relationship, open to short. 

Je suis la mère de deux feux follets, que j’appellerai ici Fleur-des-Bois et Gros-Chat. Leur père est un homme brillant, drôle et solide. Nous sommes séparés mais toujours amis, deux retailles d’une intimité usée à la corde comme une doudou qu’au moins on aura adorée pendant seize ans.

Depuis, je navigue comme Ulysse à la merci des dieux, du hasard et des applications de rencontre — l’analogie entre l’Odyssée et le célibat, elle est juste magique. Je pourrais faire un TED Talk sur la question.

Chaque homme est une île. Elle apparaît d’abord à l’horizon lointain, avec ses abords accidentés ou de sable scintillant, son climat, ses créatures tapies, ses trésors et ses lacs en dormance au bout de sentiers creusés ou inexistants. Parfois la faim et la soif ne te donnent pas le choix d’accoster, parfois des sirènes t’enjôlent, parfois tu tombes sur un Cyclope. Ou sur Circé qui va te lancer un charme, te confire dans son lit, te faire rajeunir de dix ans, à grand prix de tourments et d’un détour par les Enfers.

Je garde espoir d’arriver un jour chez-moi.

En attendant, mon odyssée génère beaucoup d’histoires à raconter. 

C’est ça, Majesté.